Un collectif de scientifiques de PatriNat, de la direction des collection du Muséum, des experts naturalistes correspondants du Muséum questionne la place des Arthropodes dans les études d’impacts, leur utilité pour identifier des enjeux sur leurs habitats, et propose de nouveaux groupes qui pourraient apporter un complément à la fois taxinomique et écologique

Les Arthropodes constituent de loin le phylum le plus diversifié du règne animal et assurent des fonctions écologiques essentielles. Leur déclin est avéré. Ils devraient ainsi tenir une place importante dans les études environnementales.

Un collectif de scientifiques de PatriNat, de la direction des collection du Muséum, des experts naturalistes correspondants du Muséum ont analysé la prise en compte des insectes et autres arthropodes dans un échantillon de 50 études d'impacts récentes en France. L'examen de cet échantillon montre que seuls quelques groupes y sont étudiés, tous comportant des espèces protégées : les papillons diurnes (Rhopalocères et Zygaena), les Odonates (Odonata) et les Orthoptères (Orthoptera), ainsi que quelques Coléoptères saproxylophages réglementés. Ce déséquilibre entre les groupes abordés dans les études d’impact et la diversité réelle des Arthropodes continentaux, de leurs spécialisations et fonctions écologiques, et de leurs particularités de répartition, induit que leurs enjeux sont évalués de manière inégale selon les habitats et secteurs géographiques concernés. Ainsi, les papillons diurnes et les Orthoptères mettent principalement en exergue des enjeux de conservation pour les milieux prairiaux, et les Odonates pour les milieux humides. Les Coléoptères qui reviennent le plus régulièrement dans les études d’impact mettent surtout en valeur les arbres isolés et le bocage. A contrario, les milieux littoraux et les milieux forestiers fermés ne sont que très peu valorisés par ces groupes. 

D'un point de vue répartition, les espèces endémiques sont très peu étudiées dans les études d’impacts. D’un point de vue fonctionnel, les coprophages, les nécrophages ou encore les prédateurs et décomposeurs litiéricoles sont aussi quasiment oubliés dans les études d’impacts. 

L'article issu de l'étude, publié dans la revue Naturae, propose six groupes qui apporteraient un complément écologique et taxinomique aux espèces actuellement utilisées dans les études réglementaires : les Chilopodes (Chilopoda), les Isopodes terrestres (Isopoda, Oniscidea), les Coléoptères « Longicornes » (Cerambycidae et Vesperidae), Scarabaeoidea et Tenebrionidae, les Hétéroptères Pentatomoidea. La plupart des espèces à enjeux de conservation élevés de ces six groupes se situent sur les plages ou les dunes, les forêts ou les milieux tels que les grottes, les falaises ou les éboulis. Les Chilopodes, les Isopodes terrestres et les Coléoptères Tenebrionidae comportent un grand nombre d’endémiques induisant une responsabilité nationale élevée. Les listes de protection paraissent donc à compléter par d’autres groupes que ceux pris en compte jusqu’ici, mais de manière appropriée aux Arthropodes continentaux : protection priorisant les habitats et non les spécimens, en corrélation avec les particularités de leur étude et de leur biologie. Cette étude propose finalement une liste argumentée de 135 espèces à forts enjeux de conservation.

Pour en savoir plus

  • Consultez l'article publié dans Naturae :

Iorio É., Dusoulier F., Soldati F., Noël F., Guilloton J.-A., Doucet G., Ponel P., Dupont P., Krieg-Jacquier R., Chemin S., Tillier P. & Touroult J. 2022. Les Arthropodes terrestres dans les études d’impact : limites actuelles et propositions pour une meilleure prise en compte des enjeux de conservation. Naturae, 2022 (4): 43-99

Publié le : 09/03/2022 14:20 - Mis à jour le : 10/03/2022 14:45