Surveiller la biodiversité terrestre française sur le long terme, en s’appuyant sur des dispositifs de suivi organisés dans un cadre général cohérent.
La surveillance de la biodiversité consiste en l’observation répétée de ses composantes sur le long terme, afin de percevoir des changements en qualité ou en quantité aux différents niveaux d’organisation (écosystèmes, habitats, espèces, gènes). N’ayant pas vocation à s’arrêter, elle repose sur l’acquisition périodique de données standardisées ou de mesures de variables à l’échelle d’un territoire.
Si la mise en œuvre d’une telle surveillance pour les milieux terrestres est un enjeu de longue date, sa formalisation dans le Plan Biodiversité est plus récente. Ce plan, adopté le 4 juillet 2018, prévoit dans son action 70 la « mise en place d’un réseau de surveillance de la biodiversité sur le long terme » et le cite comme un des moyens pour publier « annuellement des indicateurs intégrateurs, chiffrés et cartographiques, de l’état de la biodiversité et des pressions qui pèsent sur elle dans le cadre de l’ONB » (Observatoire national de la biodiversité). En effet, il est indispensable de disposer de données et d’informations fiables sur la biodiversité, qui soient continues et comparables dans le temps, afin de pouvoir si besoin agir le plus rapidement possible et de manière pertinente.
Plus récemment encore, l’action 2 de la mesure 36 de la Stratégie Nationale Biodiversité 2030, présentée par le Gouvernement le 27 novembre 2023, vise à conforter les réseaux de surveillance de la biodiversité.
Ainsi, le programme de surveillance de la biodiversité terrestre doit permettre de disposer d’une vision régulière et précise de l’état de la biodiversité à l’échelle du territoire national, aussi bien en métropole que dans les outre-mer. Ce programme est pensé comme un dispositif opérationnel, destiné à répondre aux questions posées par les politiques publiques et la société. Il doit fournir des informations fiables et actualisées pour suivre l’état de la biodiversité, couplé aux données disponibles de pressions et de réponses, et contribuer à l’évaluation des efforts déployés pour améliorer l’état de la biodiversité.
Ce programme peut être vu comme une batterie de « thermomètres », afin de poser et alimenter le débat, et, notamment, de porter les enjeux biodiversité et leur appropriation par l’ensemble de la société au même niveau que le sont désormais les enjeux climatiques. Il contribue à établir le bon diagnostic (indispensable pour définir les actions à conduire) et à son suivi dans le temps (indispensable pour réorienter/compléter, le cas échéant, les actions en cours).
Ce programme s’appuie sur le schéma directeur de la surveillance de la biodiversité terrestre (SDSBT), publié au Bulletin officiel du ministère chargé de la transition écologique le 23 janvier 2024. Il s’agit d’un document-cadre qui précise, entre autres, les enjeux de surveillance européens et nationaux découlant, notamment, des textes législatifs européens. Ainsi, le programme de surveillance de la biodiversité terrestre a vocation à produire des séries de données mobilisables, d’une part, dans le cadre des rapportages effectués au titre des directives « Habitats, Faune, Flore » et « Oiseaux » (évaluation de l’état de conservation des espèces et habitats d’intérêt communautaire, évaluation des statuts et tendances des populations d’oiseaux) et, d’autre part, pour répondre aux futures obligations de surveillance portées par le projet de Règlement européen sur la restauration de la nature.
Le programme national de surveillance de la biodiversité terrestre s’attache donc au pilotage de la production de séries longues de données de suivi (données brutes et variables essentielles de biodiversité) et à leur ouverture et mise à disposition dans le système d’information fédérateur sur la biodiversité (SIB) pour une large (ré)utilisation.
La surveillance de la biodiversité terrestre est une mission confiée à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans le cadre de son Contrat d’Objectifs et de Performance, et que PatriNat exerce pour le compte de l’OFB.
La période 2020-2023 a permis de concevoir le programme de surveillance et rédiger le schéma directeur, en lien étroit avec la Direction de l’Eau et de la Biodiversité. Ces travaux se sont appuyés sur plusieurs groupes de travail thématiques animés par l’OFB et mobilisant une diversité d’experts de la faune, de la flore, des habitats et des écosystèmes issus de nombreuses structures partenaires.
La période 2024-2025 correspond à un premier cycle de mise en œuvre, avant une révision du schéma directeur prévue fin 2025. L’articulation entre les différentes échelles (européenne, nationale et régionale) et l’organisation de cette surveillance dans les territoires représentent un enjeu important de ce premier cycle.
Par ailleurs, PatriNat organise régulièrement, dans le cadre de ce programme de surveillance, des appels à manifestation d’intérêt pour des projets de R&D visant à l’amélioration ou au renforcement des dispositifs de surveillance.
Au sein de PatriNat, l'équipe Évaluation et suivi est particulièrement mobilisée sur ce programme.
Référent
- Antoine LÉVÊQUE - Coordinateur de la cellule « Surveillance de la biodiversité terrestre »